La numismatique
Comme pour les poteries découvertes sur les sites et qui permettent bien souvent d'avoir une idée de la date à laquelle le site se rapporte, les pièces de monnaie aident aussi les archéologues à fixer une période durant laquelle le site a pu être occupé.

Elles peuvent donner des informations précieuses sur le commerce, les échanges, voire même la perdurance d'utilisation d'une monnaie, je me souviens avoir trouvé une pièce de l'époque romaine dans la cour d'un château médiéval français du XIIIe siècle. Les trouver dans les couches stratigraphiques offre aussi et surtout la possibilité de savoir à quelle période la couche se rapporte.

Pendant des millénaires a régné le troc. Sur les peintures des mastabas de l'Egypte de l'Ancien Empire sont représentés des marchés où les chalands viennent échanger les produits de la terre contre des produits manufacturés : sandales contre légumes, coffrets contre viandes.
Cependant, dès l'époque du Bronze, le métal, parallèlement, est devenu une monnaie d'échange : bijoux, mais surtout métal brut. Il peut se présenter en anneaux ou, comme en Egypte, en longs fils d'or, que l'on peut couper facilement et dont on évalue la valeur selon le poids.
De nombreuses peintures montrent le pesage du métal qui servira de monnaie. Ce pesage est généralisé dans le Proche-Orient, au point que le terme sémitique shekel signifie "peser" et "payer", en même temps qu'il désigne une unité pondérale, avant de devenir une monnaie à l'époque grecque.
Les lingots de cuivre, d'argent ou d'or représentent encore des formes de monnaies, et c'est sous cette forme que, dans les tombes des vizirs égyptiens du Nouvel Empire, l'on voit les peuples étrangers venir porter leur tribut au pharaon.

L'idée de frapper un lingot d'une estampille afin de garantir son poids et sa valeur se fait jour pour la première fois dans la vallée de l'Indus ; c'est à Mohenjo-Dâro qu'on a découvert les plus anciennes barres de cuivre frappées d'une empreinte et qui semblent bien avoir servi de monnaie.
On a aussi trouvé en Asie Mineure et en Assyrie des lingots de l'époque du Bronze moyen et récent pareillement marqués, et à l'époque du Fer, on connaît des saumons de plomb marqués au nom du roi assyrien Sennacherib (fin env. VIIIe s.).
Les auteurs anciens attribuent parfois aux Lydiens l'invention de la monnaie, mais il ressort des recherches archéologiques que l'idée de frapper des morceaux de métal pour en faire des étalons monétaires s'est généralisée dans le bassin de la mer Egée vers le env. VIIe siècle.Selon d'autres sources, les premières pièces auraient été frappées à Égine par Phidon, roi d'Argos qui vivait au env. vme siècle.
Les plus anciennes monnaies connues sont d'argent ou d'or, provenant les unes d'Egine et happées de la tortue, les autres étant gravées de têtes de lions : ce sont les créséides lydiennes du roi Crésus (env. 561/env. 546).
Peu après, les Perses, sous Darius Ier, créaient la darique d'or et celle d'argent appelée "sicle médique". Cependant, dès le env. VIIe siècle.existait en lonie le monnayage à base d'électrum (mélange d'or et d'argent), qui laisse supposer que Crésus et Darius n'oot fait que reprendre à leur compte un système déjà en usage.

Chaque cité indépendante du monde grec, dès l'époque archaïque, aura ses ateliers monétaires où seront frappées des monnaies en or, argent, bronze, à
l'effigie d'animaux, de têtes de divinités, etc., qui leurs seront propres : chouette d'Athéna à Athènes, taureau de Syba-ris, char et dauphins entourant une tête féminine à Syracuse, char et aigle à Agrigente...
En Macédoine, et ensuite à l'époque hellénistique, les monnaies seront frappées à l'effigie du souverain ou du couple royal, et seront accompagnées d'inscriptions.

Les Grecs diffuseront la monnaie à travers le monde méditerranéen et l'Orient. Celtes et Daces s'inspireront des monnaies macédoniennes et plus particulièrement des tétradrachmes (grosse monnaie de quatre drachmes, unité monétaire grecque) de Philippe II pour créer des monnaies qui, chez les Gaulois, évolueront jusqu'à devenir des œuvres d'une grande originalité.
Les rois de Cappadoce, les Parthes. les souverains indo-grecs, les Kushân frapperont aussi des monnaies qui leurs sont propres.

C'est seulement vers la fin du env. IVe siècle.qu'apparaît à Rome une véritable monnaie, qui se substitue à Yoes signatum, lingot de bronze sur lequel est généralement gravé un bœuf, symbole de la tête de bétail (pecunia) qui dans cette société de paysans représentait la véritable richesse. La première monnaie de la fin du env. IVe siècle, en bronze, est y as fondé sur le poids de la livre osque qui pèse environ 273 g. Il porte sur une face l'effigie d'une divinité (MineIVe, Hercule, Mercure, Janus bifrons, Bellone) et sur l'autre la proue d'un navire de guerre, avec le nom de Roma inscrit au-dessus.
A partir de l'époque impériale, la tête de l'empereur avec ses noms et titres figurera sur les monnaies romaines, mais certaines villes des provinces continueront de frapper des monnaies, elles aussi caractérisées, par exemple, par un animal comme le crocodile pour Nîmes.

L'intérêt des monnaies est immense pour l'archéologie. Trouvées dans un contexte archéologique, elles permettent d'établir des datations sûres et précises. Frappées à l'effigie de personnages, elles nous offrent des portraits proches de la réalité et une étude attentive peut même permettre de déterminer des défauts physiques, des maladies, dont ont pu souffrir ces personnages.
Les nombreuses représentations architecturales sont aussi de précieux auxiliaires pour la reconstitution de monuments disparus, et c'est par les représentations des monnaies qu'on connaît des œuvres sculpturales célèbres comme la statue chryselephantine (v. Ivoire) de Zeus à Olympic

D'une manière indépendante, les Chinois ont adapté à leur usage une véritable monnaie. Ce sont des objets en bronze, en or ou même en coquillage (cauris) de forme circulaire et percés au centre (bei), en forme de bêche (bu), de couteau (dao), etc., portant des inscriptions. Ils apparaissent à la fin de la période Shang et deviennent abondants dès l'époque des Zhou au milieu du env. Ier millénaire.


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