La vie sur un chantier de fouille
Une tentative une synthèse des différents chantiers auxquels j'ai eu le bonheur de participer va suivre.

Un chantier c'est tout d'abord un lieu géographique qui peut se trouver soit en pleine ville, en rase campagne, au bord d'une autoroute, au fond d'un lac, etc…
Vivre sur un chantier n'est pas toujours obligatoire mais c'est ce que j'ai connu pour la plupart de ceux auxquels j'ai participé.
C'est une fabuleuse façon d'apprendre la vie en communauté, on travaille ensemble, on mange ensemble, on dort ensemble (on peut se retrouver à tous dormir dans le même dortoir), on souffre ensemble sous un soleil accablant, sous la pluie, et on est tous liés par la même passion qui est l'archéologie.

Comment cela se déroule ?

La matinée

Le lever peut être tôt, tout va dépendre de la région dans laquelle il se déroule, s'il y fait chaud, le travail peut commencer à 6 heures du matin (la condition est qu'il fasse jour !!) pour se terminer à 14 heures, le reste de la journée pouvant être consacré au nettoyage, à l'inventaire, au classement des vestiges mis à jour.

L'aspect physique (souvent harassant mais rarement visible de prime abord aux yeux du grand public) de la fouille archéologique comme rester toute la journée à quatre pattes par terre (ou dans d'autres positions plus ou moins pratiques rendues possibles par la physionomie du terrain) reste bien souvent étrange aux yeux des néophytes.

En effet, quel intérêt y a-t-il à rester dans un carré qui peut mesurer seulement un mètre sur un mètre), qui est délimité par des fils dans lesquels il ne faut pas se prendre les pieds, dans lequel se trouvent des vestiges en cours de dégagement qui ne doivent pas être écrasés ? Il ne faut pas non plus empiéter sur le carré de son voisin, ni faire tomber sur son carré (ou celui du voisin !) la motte de terre derrière soi qui grandit au fur et à mesure que le décapage s'effectue et qui donc s'effrite de plus en plus.

Tout ceci demande une certaine dose de patience et de maîtrise de soi mais surtout la passion de l'archéologie et non, nous ne cherchons pas de trésor à l'image d' Indiana Jones, mais il faut bien avouer que le célèbre archéologue est à l'origine de beaucoup de vocations !

La pause du midi

Après une matinée de décapage durant laquelle rien ne peut avoir été trouvé, vient la coupure salutaire du repas de midi (une pause matinale a déjà été prise auparavant) et pouvoir se dégourdir les jambes est un réel plaisir.

Une heure assise à une table sur une chaise passe pour un luxe inouï mais c'est déjà finit il faut retourner dans son carré !

L'après-midi

Trois ou quatre heures de fouille s'annoncent à nouveau.

Le travail de l'après-midi peut être de devoir finir de mettre à jour un vestige découvert durant la matinée. En effet, il faut éviter le plus possible de laisser des vestiges en place (comprendre encore enfouis dans le sol) pour ne pas donner de prétexte aux pilleurs de sites de faire des visites nocturnes (mais cela n'empêche pas les visites nocturnes mais au moins aucun vestige découvert durant le travail n'est pris par les pilleurs).
Les heures sont donc élastiques et il arrive régulièrement de devoir rester un peu plus à la fin de la journée pour finir de dégager un vestige afin qu'il ne passe pas la nuit sur le site

Ce n'est pas seulement à cause des pilleurs que le vestige est retiré mais aussi parce qu'il se retrouve à « l'air libre » n'étant plus protégé par le sol qui le contenait. Les conditions météorologiques peuvent se dégrader, des animaux peuvent venir sur le site la nuit, des promeneurs également peuvent y venir et par inadvertance écraser les vestiges du fait que les surfaces fouillées (ou le site dans son entier) sont très souvent recouvertes après le travail par des bâches. Les surfaces sur lesquelles le pied est posé sont donc invisibles pour l'œil non exercé qui ne connaît pas les dénivellations du terrain.

Les douches et la soirée

La journée de travail se termine, direction le campement, tout le monde est pressé de prendre une douche !

Là encore la douche peut être toute une histoire, soit il faut se rendre à pied (ou en voiture) à l'endroit où se trouvent les douches tant attendues et espérées après une journée à être rester plus ou moins à quatre pattes le nez dans la poussière. Leur accès nous est consenti par la ville où se trouve le site archéologique et certains soirs, notre équipe de filles s'est retrouvée nez à nez avec l'équipe masculine de football qui veut à tout prix rentrer dans les vestiaires et qui le désire encore lorsque les sportifs se rendent compte que les lieux sont occupés par une bande de filles. Le tout se passe toujours dans la bonne humeur mais c'est fou comme on se sent mieux une fois habillée et sortie des vestiaires !

Il m'est aussi arrivé de devoir prendre des douches à l'eau froide (il n'y a que cette possibilité) ou encore devoir partager la salle de bains d'une maison particulière avec vingt personnes, chacun prenant la file d'attente et attendant patiemment son tour…

Une fois prise la douche tant attendue (avant ou après le repas tout dépend de l'heure à laquelle il a été possible d'en profiter), la soirée s'annonce tout doucement. Tout le monde est épuisé physiquement et devrait sagement aller se coucher en prévision du travail qui nous attend demain matin mais aucune envie car l'ambiance est là et la possibilité d'échanger avec des gens des quatres coins du pays et parfois des quatres coins du monde ne se laisse pas passer !

Allez tout le monde au lit, le réveil se fait de bonne heure demain matin et certains ne pourront pas se lever !

Après cette vision générale de la vie sur un chantier de fouilles archéologiques, que diriez-vous de voir de plus près en quoi consiste le travail quotidien sur un site bien précis.


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