C'est le premier peuple de langue nahuatl qui apparaît dans le Mexique central.
Comme les Aztèques qui constituent la dernière vague d'immigrants nahuas, ils venaient d'une région du nord du Mexique.
On les associe, en partie à la suite des données de Y Histoire toltèque-chichimèque due à un auteur anonyme, aux populations appelées en nahuatl Chichimèques.
En réalité, ces derniers ne constituent pas un peuple ; c'est le nom que les Aztèques donnaient aux populations barbares nomadisant aux confins de l'Anahuac et qui, par vagues successives, sont descendues de leurs steppes vers les régions civilisées du Mexique central ; en fait, autant les Toltèques que les Aztèques, lorsqu'ils vivaient encore dans les régions du nord, pouvaient être considérés comme des Chichimèques.
Et si l'on prend le terme de Chichimèque dans ce sens, on peut admettre, comme on l'a soutenu, que ce sont des Chichimèques qui ont détruit Teotihuacan.
Les Toltèques apparaissent un ou deux siècles après la disparition du grand site, soit vers le IXe siècle, bien que certaines traditions les placent dès le ive siècle.dans la cité de Huehuetla-pallan, ville non localisée du nord, et les fassent arriver dans l'Anahuac au VIe siècle, époque où ils auraient fondé leur capitale, Tula ; d'autres traditions placent en 856 la fondation de Tula qui aurait été abandonnée en 1168.
Les chroniqueurs nous ont transmis le mythe "historicisé" du roi-prêtre Quetzalcoatl, né en 947, qui, vaincu par la faction "militariste" de Tezcatli-poca, dieu guerrier propre aux Toltèques, aurait dû fuir de Tula en 999 ~ se serait réfugié au Yucatan avec ses partisans, s'installant à Chichen Itza où il aurait apporté les caractères toltèques de cette ville maya.
Ce Quetzalcoatl est par ailleurs identifié au roi héroïsé Ca Acatl Topiltzin.
Ce mythe paraît être la transposition d'une lutte entre les tenants de l'ancienne tradition venue de Teotihuacan et ceux du dieu guerrier Tezcatlipoca.
Toujours est-il que vers la fin du Xe siècle, en effet, se développe au Yucatan une civilisation toltéco-maya, sous l'impulsion sans doute d'immigrants toltèques et, par ailleurs, les Toltèques s'affirment comme créateurs d'un État guerrier qui met à l'honneur les sacrifices humains ; il semblerait que cet état de fait soit le résultat du remplacement d'une royauté religieuse par une monarchie militaire et conquérante, le roi guerrVIe siècleuccédant au roi prêtre.
La chute de Tula vers 1170, peut-être sous les coups de Chichimèques qui, au xme siècle, vont fonder Texcoco au cœur de l'Anahuac, provoquera une nouvelle migration des Toltèques, leur dernier roi, Huemac, s'étant suicidé après la prise de sa cité.
Ces Toltèques vont émigrer en particulier vers le sud, le Guatemala et le Nicaragua.
Une émigration en des contrées si éloignées, séparées du Mexique central par des forêts vierges, pourrait sembler étrange, si l'on ne savait que les Toltèques de Tula avaient entretenu des rapports commerciaux étroits avec ces contrées.
Des trouvailles de céramique "plombée" à Tula, provenant du Guatemala et de Kaminaljuyu, étaient déjà nombreuses, lorsqu'en 1970 on découvrit dans une cache aménagée sous le sol d'une demeure de Tula une série de vases "plombés" et de gobelets, et un bol tripode polychrome du type de Papagayo, dont les centres de production se trouvent au Costa-Rica et au Nicaragua.
Ainsi peut-on penser qu'après la prise de leur ville, de nombreux groupes de Toltèques n'ont fait que suivre une route qu'il connaissaient déjà, vers des régions qui ne leur étaient pas étrangères.