Sumériens
Le pays d'origine des Sumériens demeure encore sujet à controverses.
On a voulu les faire venir d'Asie Mineure, mais il semblerait plutôt qu'Us soient entrés en basse Mésopotamie depuis l'Iran, venant de l'Asie centrale.
Leur langue, encore imparfaitement connue, est de caractère agglutinant, comme les langues asianiques (langues présémitiques et préindo-européennes de l'Asie antérieure) caucasiennes et turco-mon-goles.
En tout cas, ils venaient d'une région montagneuse comme l'attestent deux éléments qu'ils introduisent dans le sud mésopotamien : la ziggurat, souvenir de cultes montagnards anciens, et la sculpture sur pierre dans une région (la Mésopotamie) dépourvue de pierre.
C'est pendant la période d'Uruk, dans la seconde moitié du ~ IVe millénaire, qu'on peut situer avec le plus de certitude leur arrivée en Mésopotamie, soit à la rupture dé la période d'Uruk IV, soit à l'époque d'Uruk V.
Il est possible encore qu'ils se soient introduits par petites vagues, passant ainsi inaperçus, archéologiquement, tout au long de la période d'Uruk.
Il semble bien que cette ville, cité du héros épique Gilgamesh, ait été le centre primordial de la culture dont ils étaient porteurs.
C'est certainement sous leur impulsion que s'ouvre la période dite de Djemdet Nasr, à la fin du ~ IVe millénaire, à laquelle succède l'époque présargonique ou Dynastique ancienne qui voit un premier apogée de la civilisation sumérienne.
Trois manifestations culturelles marquent ces périodes : le développement de la glyptique, dans lequel les cylindres gravés de scènes diverses, défilés d'animaux, scènes de caractère religieux, dominent largement sur les cachets ; le développement de la sculpture avec reliefs sur vases de pierre, animaux et personnages en ronde bosse, thèmes traités avec une grande maîtrise et une force qui n'exclut pas l'élégance, le chef-d'œuvre de cette époque étant la tête, ou plutôt le masque, dit Dame de Warka, empreinte d'un délicat réalisme ; enfin, l'apparition de l'écriture qui, si elle ne nous donne pas encore des annales, nous permet d'identifier les dieux auxquels sont dédiés les temples et de connaître les noms de certains personnages, en particulier ceux qui ont été retrouvés dans les tombes royales d'Ur.
Les villes du Sumer, Ur, Uruk, Lagash, Umma, Adab, Mari, Kish, Awan, Akshak, se constituent en cités-États ou, comme le dit Falkenstein, en cités-temples, qui luttent en permanence pour exercer une hégémonie qu'elles parviennent à assumer plus ou moins à tour de rôle.
Jusqu'au Dynastique archaïque H, on ne trouve nulle part de palais, car le roi est en réalité un prêtre, vicaire du dieu, qui vivait dans l'enceinte même du temple, le Gig-Par, dont il semble qu'on ait un exemple dans un édifice de Nippur.
Ce roi-prêtre porte le titre de EN, "Seigneur" ; ce n'est qu'au Dynastique archaïque II qu'apparaît le titre de roi, Lugal, et en même temps le palais, témoins de la séparation de l'État et du clergé, et de l'apparition d'une monarchie militaire.
Le premier palais connu est celui du tell A de Kish et le premier personnage qui ait porté le titre de Lugal est précisément un roi de Kish, Mebaragesi (v. ~ 2700).
Les mobiliers des tombes d'Ur, datant des siècles suivants, révèlent le haut degré de civilisation matérielle auquel sont alors parvenus les Sumériens.
Les métallurgistes ont acquis une grande maîtrise de leur art et la statuaire a produit de belles oeuvres en ronde bosse.
On assiste parallèlement à un développement de l'urbanisme et des constructions monumentales : temple ovale de Khafaje, temple carré de Tell Asmar, temple d'Ishtar à Mari, temple d'Inanna à Nippur.

L'expansion des cités sumériennes est brusquement arrêtée par la formation de l'Empire sémite d'Akkad.
Mais les Akkadiens assimilent la culture sumérienne et la répandent au-delà du Sumer.
Des tribus barbares descendues des montagnes voisines, Lullubi et Guti, mettent fin à l'Empire akkadien et ravagent les campagnes jusqu'à ce que le roi d'Uruk, Utu-hegal, renverse vers ~ -2120 le pouvoir des Guti et capture leur roi, Tiriqan.
S'ouvre alors une époque de renaissance sumérienne avec l'hégémonie de Lagash et surtout d'Ur.

Au début du ~ IIe millénaire, les Sumériens domineront encore avec les dynasties d'Isin et de Larsa, mais après le triomphe de Babylone sous Hammurabi, le Sumer disparaît politiquement, cependant que la langue sumérienne demeure une langue sacerdotale et que de nombreux éléments de sa civilisation, assimilés par les Sémites babyloniens, vont survivre à travers la culture mésopotamienne de la Babylonie.


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