Slaves
Au Ve siècle.commence la grande expansion des Slaves qui vont imposer leurs langues et leur autorité sur une grande partie de l'Europe balkanique et orientale.
Un certain nombre de peuples slaves dont les noms traverseront les âges pour quelques-uns d'entre eux, apparaissent au cours des deux premiers siècles de notre ère.
Tacite mentionne les Veneti vers les Carpates orientales, sédentaires vivant dans des maisons et combattant à pied ; Pline l'Ancien et ensuite Ptolémée mentionnent les Antae (ou Antes) dont certains auteurs font une branche des Sarmates, mais l'ubiquité des Antes peut laisser supposer que les auteurs anciens nous ont conservé la mémoire de deux peuples différents portant des noms voisins à racine indo-européenne, les uns étant slaves, les autres indo-iraniens comme les Sarmates.
Par le même Ptolémée nous connaissons les Soubenoi (Slovènes) qu'il situe en Scythie vers l'Oural, les Serboi (Serbes) dans la péninsule du Caucase (nom dont le sens original semble avoir été "bergers").
Par des inscriptions de Tanaïs, colonie de Milet, à l'embouchure de l'antique Tanaïs (act. Don), on connaît aussi les Xoroathps, dont le nom a été rapproché des actuels Croates.
L'origine de ces groupes n'a encore pu être localisée géographiquement avec certitude.
On a longtemps pensé qu'ils avaient longtemps stagné dans les marais du Pripet avant de se répandre soudainement vers la Pologne et la Russie.
Les archéologues polonais placent leur habitat primitif entre l'Elbe, l'Oder, la Vistule et le Bug et attribuent à des proto-Slaves la civilisation lusa-cienne.
D'autres auteurs, et en particulier Marija Gimbutas, font crédit à ces proto-Slaves de la civilisation dite par les Soviétiques de Chernole ; c'est une culture du premier âge du Fer (vers ~ 750/~ 500) qui emprunte son nom à une hauteur fortifiée qui domine la rivière Chernole, un affluent de l'Ingu-lets dans la région de Kirovograd, dans le sud de la Russie.
Cette culture, caractérisée par ses demeures semi-souterraines, pourvues d'un foyer central, houes de fer, faucilles en pierre, vases monochromes à décor incisé géométrique, s'étend sur une large aire, au sud, à l'est et à l'ouest de Kiev.
En réalité, jusqu'au Ve siècle, on ne peut avec certitude lier des tribus slaves à une culture archéologique déterminée.
A tort on a voulu leur attribuer les cultures de Zarubinets et de Tcherniakov, mais en fait seule cette dernière s'est slavisée dans sa dernière phase, à ce qu'il semble.
Il apparaît, en définitive, que les premiers groupes de Slaves qu'on peut définir archéologiquement se trouvent en Russie et en Ukraine.
Un groupe est établi à l'ouest du Dniepr aux alentours de la ville de Zhitomir en Volynie, un autre entre le Dnieper et le Prut moyen, en Moldavie.
Le premier, dit groupe de Zhitomir, se distingue par de petites maisons construites en matériaux légers et réunies en villages en plaine ou sur des hauteurs fortifiées ; la poterie est monochrome, modelée à la main, rarement décorée et les morts sont incinérés.
L'autre groupe a reçu le nom de Pen'kovka d'après un village à l'ouest du Dniepr.
On a exploré une soixantaine de sites de cette culture qui ne se distingue de la précédente que par des détails, car on y pratique aussi la crémation, ceci d'une manière exclusive, et les demeures sont de petite taille, semi-souterraines.
Des vases biconiques monochromes lui appartiennent en propre.
Il n'est cependant pas démontré que ce soit de ces régions que part l'expansion des Slaves qui va se poursuivre jusqu'au IXe siècle.vers le nord de la Russie et jusqu'en Grèce et en Germanie.
On ignore les raisons réelles de ces migrations qui s'inscrivent dans les grands mouvements des peuples barbares de l'Europe à la fin de l'Antiquité et au début du Moyen Age.
Les invasions des Huns, des Bulgares d'origine turco-mongole et des Avars paraissent avoir été un facteur déterminant de l'expansion des Slaves qui, à la suite des ravages exercés par ces diverses hordes en Europe, ont trouvé un terrain en partie préparé.
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