Scythes
On regroupe sans doute sous ce nom plusieurs populations vivant dans les steppes du nord de la mer Noire à l'est de la Caspienne.

Hérodote, qui vivait au ~ Ve siècle, à une époque où les Scythes étaient toujours établis dans ces régions, nous a laissé un important témoignage sur leur histoire et leurs mœurs, mais il a visiblement englobé sous ce nom des peuplades très diverses, depuis des proto-Turcs de l'Asie centrale jusqu'à des Indo-Européens des plaines ukrainiennes.
C'est pourquoi les savants modernes ont pu soutenir qu'il s'agissait de Huns, de Mongols, de Finno-Ou-griens altaïques ou d'Indo-Iraniens.
D'après ce que nous pouvons connaître de ceux que les textes orientaux et en particulier assyriens appellent Askhu-zai, il semble acquis qu'ils parlaient une langue iranienne.
Cette constatation n'implique pas une communauté raciale, bien qu'on trouve chez les peuples dits scythiques une certaine communauté de culture.
Selon les sources anciennes, ils seraient originaires d'Asie, bousculés par l'arrivée des Sarmates venus des régions altaïques, et eux-mêmes auraient refoulé les Cimmériens des plaines nord-pontiques et les auraient suivis jusqu'au-delà des montagnes du Caucase, en Asie antérieure où ils apparaissent au ~ VIIIe siècle.Ils sont mentionnés pour la première fois dans les annales de Sargon (~ 722/ ~ 705).
Ils détruisent alors le royaume d'Urartu et leur roi Partatua et son fils Madyès constituent un État sur l'Urartu et le nord-ouest de l'Iran avec Sakiz pour capitale.
Au cours du dernier quart du ~ viie siècle, ils s'allient aux Assyriens contre les Mèdes, puis ils ravagent la Syrie et la Judée.
Ils auraient ainsi imposé leur domination sur le Proche-Orient pendant 28 ans, jusqu'à ce que les Mèdes les refoulent finalement au-delà du Caucase et du plateau iranien.
Dans le même temps, d'autres tribus scythes continuaient de nomadiser dans les régions pontiques où les Scythes royaux semblent avoir constitué un puissant royaume dans les derniers siècles précédant notre ère.
D'autres tribus scythiques s'établirent jusqu'aux rives du Danube et même au-delà, où elles se heurtèrent aux Macédoniens.
Ceux qui s'installèrent dans la boucle du Danube eurent une importance politique suffisante pour qu'à l'époque romaine cette région fût appelée Scythie Mineure.
Les Scythes disparurent de la scène historique dans les premiers siècles de notre ère, sans doute absorbés par les peuples nouveaux venus dans le concert des migrations qui provoqueront la chute de l'Empire romain.
Les cultures archéologiques qu'on peut attribuer aux Scythes varient selon les théories adoptées.
Pour les époques historiques, en particulier celle de la colonisation grecque des rives de la mer Noire, on peut avec certitude attribuer aux Scythes les grandes tombes à tumulus de la Crimée, de l'Ukraine et du nord du Caucase, avec leurs chambres souterraines contenant un riche mobilier en or et en divers métaux : bijoux, armes, chaudrons de bronze, miroirs à poignées d'ivoire, aiguières d'argent, etc., telles celles de Chertom-lyk (~ IVe s.), Tsarskaya et Kostroms-kaya (au sud du Caucase, avec sacrifices de chevaux), Kul Oba...
Ces tombes sont semblables par leur structure aux tombes dites à charpente (voir kurgan), ce qui pourrait incliner à faire des utilisateurs de ce type de tombes à l'âge du Bronze des proto-Scythes.

C'est l'avis de Marija Gimbutas qui divise cette culture proto-scythe des tombes à charpentes (proto-scythian timber-grave culture) en trois phases :
  • Ancienne ou période de Poltavka (~ 2000/- 1800)
  • Classique (~ 1800/ ~ 1100)
  • Tardive (~ 1100/- 800).

Dans l'ensemble, cette culture d'agriculteurs, dont la plupart des sites sont massés le long de la Volga, mais dont la culture d'Andro-novo serait une variante sud-sibérienne et celle de Tazabagjab une branche du Kazakhstan occidental, est caractérisée par des vases monochromes faits a \a main, ornés de motifs gravés ou incisés, parfois cordés de caractère géométrique simple, des ciseaux et des haches de bronze (dans une première période à oeillets et ensuite à douille), des pointes de lance oblongues à douilles, des dagues en cuivre et en bronze, des sabres-dagues courbes, des faucilles.
Cependant, la plupart des archéologues soviétiques n'admettent pas cette filiation du fait de la différence fondamentale entre le mobilier de ces kurgans et celui qui caractérise l'art des steppes purement scythique, avec son style animalier, ses animaux fantastiques, son goût pour le mouvement, les formes courbes et complexes.
Rostovtzeff situe leur arrivée en Russie méridionale à la fin du ~ VIe siècle.et c'est en effet au siècle suivant qu'apparaissent les premières tombes à charpentes de cette région, où l'on trouve un mobilier de caractère scythe tandis que les influences de l'art des steppes se manifestent dans les productions des ateliers grecs de ces régions : Olbia, Panticapée, Néapolis.
Si les Scythes sont bien des Indo-Iraniens, on peut alors admettre avec Kislev et Tamara Talbot Rice qu'ils se sont séparés du groupe nord-pontique au ~ IIe mill, pour émigrer vers l'Iénis-séi, en Sibérie, qu'ils auraient atteint vers ~ 1700 avant de redescendre vers le Caucase en contournant l'Altaï.
Là, ils se seraient divisés en plusieurs groupes, les uns choisissant un mode de vie sédentaire et s'installant comme agriculteurs, les autres demeurant des pasteurs cavaliers.
Ce seraient ces derniers qui auraient ravagé le Proche-Orient au ~ VIIe siècle, tandis que les constructeurs des tombes de Pazyryk, dans l'Altaï, appartiendraient à un groupe demeuré en haute Asie et qui se serait peut-être mêlé à des proto-Turcs.

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