Inca
Ce terme, qui signifie "chef", "souverain", était le nom donné aux maîtres d'un empire qui s'est étendu sur une grande partie des Andes, du nord de l'Equateur au milieu du Chili, mais aussi à la famille du souverain et, par extension, au clan dominant et à toute la civilisation de cet empire.
Le noyau de cet État se situe dans la vallée de Cuzco, où vivait une tribu de langue dite quechua (ou quichua).
Ce terme désigne un petit district du Pérou et fut donné arbitrairement par un dominicain, Domingo Santo Tomas, à la langue parlée par les populations du centre de l'Empire inca, dans la grammaire de cette langue qu'il publia à Valladolid en 1560.
Depuis, ce nom est demeuré pour désigner le dialecte que les Indiens appelaient runa-simi, la "langue des hommes", et aussi pour désigner les populations parlant cette langue.
Selon Cieza de Léon, les Quechuas étaient des sauvages nus, vivant de la chasse dans la région de Cuzco, lorsqu'un "homme" blanc nommé Viracocha ou Ccon-Ticehuiracocha, venu de Tiahua-naco, leur apporta les éléments de la civilisation après s'être fait reconnaître d'eux comme un dieu ; puis il se mit en marche vers le nord et disparut dans la mer.
Un autre chroniqueur du XVIe siècle, Garcilaso de la Vega, attribue ce rôle civilisateur au premier Inca Manco Capac et à sa soeur Mama Ocllo, qu'il fait aussi venir de la région du lac Titicaca ; ils seraient tous deux enfants du Soleil et c'est ce dieu qui les aurait chargés d'apporter aux hommes la civilisation et les lois.
On ne sait quelle réalité historique recouvrent ces légendes.
Toujours est-il qu'il paraît acquis que le clan conquérant des Incas venait des rives du lac Titicaca et qu'il s'établit dans la région de Cuzco au XIIe siècle.Par ailleurs, son origine étrangère est marquée par le fait, mentionné par Garcilaso, qu'il parlait une langue différente de celle des Quechuas, dont il a conservé quelques mots.
On a voulu y voir la langue des Aymaras, populations occupant la Bolivie et les rives du lac Titicaca, mais les correspondances entre les mots "incas" et les termes aymaras dont on les rapproche sont assez peu convaincantes.
Pendant deux ou trois siècles, les nouveaux maîtres de la vallée de Cuzco guerroyèrent contre leurs voisins, en particulier contre les Collas du lac Titicaca et les Chancas.
Les chroniqueurs nous ont laissé la liste de ces souverains qui régnèrent entre le XIIe siècle.et 1438 : Manco-Capac, Sinchi-Roca, Lloque-Yupanqui, Mayta-Capac, Capac-Yupanqui, Inca-Roca, Yahuar-Huaca, Viracocha-Inca.
Ce dernier régna près d'un demi-siècle et commença déjà à étendre les limites de son royaume, mais c'est son fils cadet Pachacuti-Inca-Yupanqui (1438-Inde/453 1471) qui posa les fondements de l'empire en vainquant tous les peuples voisins et en se faisant l'initiateur d'une politique expansionniste, que vont poursuivre ses deux successeurs, Topa-Inca-Yupanqui (1471-1493) et Huayna-Capac (1493-1525 ou 1527).
Les Espagnols de Pizarro profiteront de la guerre civile qui divisait l'empire entre PInca Huascar et son demi-frère Atahuallpa, pour confisquer à leur profit ces immenses États, après 1532.
Les Incas avaient organisé leur empire d'une manière centralisée à partir de l'expérience des royaumes antérieurs, en particulier celui des Chimus qu'ils conquirent au XVe siècle.Ils profitèrent non seulement de l'acquis économique et social, mais aussi artistique, ayant fait venir dans leur capitale les meilleurs orfèvres et artisans de l'empire, grâce à quoi ils développèrent une métallurgie, une orfèvrerie, un art de la poterie faite à la main et ornée de peintures polychromes, et du tissage, particulièrement raffinés, mais toujours fonctionnels et sans grande fantaisie.
S'ils ont créé une architecture puissante en pierre taillée de caractère cyclopéen, particulièrement représentée dans les grands sites andins, Pisac, Ollan-taytambo, Huanuco Viejo, Machu Picchu, Chinchero dans une certaine mesure et Cuzco, ils ont conservé la tradition de la construction en adobe dans les provinces conquises, autant à Pachacamac qu'à Tambo Colorado.
Par ailleurs, il convient de noter que les Incas ont aussi développé un système de routes empierrées du nord au sud de l'empire, bordées de magasins et de gîtes d'étape (tambo), qui leur permettaient de faire porter leurs ordres aux extrémités de l'empire par des coureurs (ils ne disposaient pas d'animaux de monte).
Mais ils ont ignoré l'écriture, même si les fameux kipus pouvaient mémoriser un certain nombre de concepts et si les dessins des couvertures pouvaient avoir une signification idéographique.

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