Achéens
Nom donné par Homère à la population de la Grèce continentale (en grec Akhaioî).
Les royaumes achéens les plus célèbres sont ceux de Pylos, où règne Nestor, de Mycènes, avec Agamemnon, de Sparte, avec Ménélas et d'Ithaque, l'île d'Ulysse.
Cependant, il semble qu'à l'origine, ce nom ait désigné chez Homère un peuple de Thessalie.
De nombreux historiens ont tendance à les assimiler aux représentants de la civilisation mycénienne et, en conséquence, à en faire les ancêtres des Grecs historiques.
Ils auraient pénétré dans la péninsule vers ~1900 et seraient les promoteurs de l'Helladique moyen, ou encore vers ~ 1600, et on leur rattacherait alors la culture archéologique de l'Helladique récent.
Ce schéma simple est rejeté par plusieurs archéologues.
Parmi plus d'une dizaine d'étymologies proposées pour ce nom, la seule qui semble pouvoir être retenue rattache Akh à l'indo-européen aqu : « eau » ou « rivière ».
Mais selon les linguistes, le passage d'aqu à Akh ne peut se faire en grec, et les Achéens seraient donc des Indo-Européens, mais non des Grecs.
Or, les tablettes dites mycéniennes, en écriture linéaire B, sont rédigées en un grec archaïque.
Certains auteurs en ont conclu que le nom d'Achéens concernait uniquement les habitants de la Thessalie à l'époque mycénienne, et qu'il n'est devenu un terme général que plus tard, pendant la période dite homérique.
Il semble aujourd'hui, malgré ces difficultés de caractère philologique, que les Achéens doivent être identifiés aux Mycéniens, c'est-à-dire aux populations dominantes de la Grèce de l'Helladique récent.
On trouve sur une tablette de Cnossos la forme a-ka-wi-ja-de, désignant un lieu appelé Akhaiwija, et qu'on a rapproché d'ahhijawa, mentionné dans les textes hittites.
Il s'agit d'un puissant royaume qui semblerait devoir être situé au sud de l'Asie Mineure. Or, comme l'archéologie n'a trouvé les traces d'aucun État organisé dans ces régions au temps de l'empire hittite, on a situé ces ahhijawa, identifiés avec une branche des Achéens, dans l'île de Rhodes.
Qu'on situe ces Achéens à Rhodes, en Cilicie, ou à Mycènes (ce qui me paraît la bonne solution, si l'on s'appuie sur la tradition homérique), on a là, en tout cas, la preuve qu'ils n'étaient pas circonscrits à la Thessalie.
On a aussi rapproché les Achéens de l'un des Peuples de la Mer que les annales égyptiennes appellent iqjws, terme qui doit sans doute être lu Aqiyawasa.
Comme il semble que, selon des textes égyptiens difficiles à interpréter, ces guerriers auraient été circoncis, plusieurs historiens se sont refusés à y voir des Achéens indo-européens.
Cependant, Hérodote (~ Ve s.) ayant mentionné des Achéens établis sur les bords de la mer Noire, près des Colches habitant la région de l'actuelle Batoum (sud-ouest du Caucase), et qui pratiquaient la circoncision, certains auteurs ont fait venir les Achéens de cette région.
Mais il semble que leur établissement en Colchide soit plus tardif.
Ainsi, jusqu'à preuve indiscutable du contraire, on peut voir dans les Achéens les ancêtres des Grecs, venus des Balkans soit vers ~ 1600, soit plutôt vers ~ 1900.
Ils se sont établis en Grèce continentale, puis aux ~ XVe et ~ XIVe s. se sont installés en Crète, à Rhodes et sur les côtes d'Asie Mineure, du côté de la future lonie.
Vers la fin du siècle suivant, quelques bandes d'Achéens débarquèrent en Cyrénaïque, où elles s'unirent à d'autres Peuples de la Mer pour combattre les Égyptiens.
Refoulés vers l'Ionie ou le centre du Péloponnèse lors des bouleversements et des migrations de l'époque du Fer (entre ~ 1100 et ~ 800), les Achéens réapparaissent à l'époque historique sur la côte septentrionale du Péloponnèse, où se perpétue le nom de l'Achaïe.
A l'époque romaine (~ IIe s.), ce nom est donné à l'ensemble du Péloponnèse, qui constitue une province de l'empire.

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