Tagar
On donne ce nom à une culture sud-sibérienne de la steppe de Minus-sinsk sur le haut Ienisseï qui succéda, presque sans césure, à la culture de Karasuk et à la période dite de Kamenny-Log vers ~ 1700, et qui se perpétua dans cette région jusque vers le début de notre ère.
Alors que la plupart de leurs voisins passaient d'un stade agricole à celui du nomadisme, les europoïdes de Tagar continuaient le mode de vie mi-agricole mi-pastoral de l'époque de Karasuk, tout en empruntant certains caractères aux populations voisines.
On distingue dans cette culture quatre grandes périodes, principalement caractérisées par les sépultures, le mode de vie lui-même ayant subi peu de changements.
La première phase, de Baïnov (~ VIIe/~ VIe s.), comprend des nécropoles identiques à celles de Karasuk mais dans lesquelles chaque enceinte de pierres ne contenait qu'une tombe à dalles avec un seul corps accompagné des mêmes offrandes rituelles de viande ; les poteries sont alors ovales et non plus rondes, sans col, avec souvent un fond plat et une panse renflée ornée d'incisions linéaires simples, et les armes de bronze sont moins décorées.
A la période suivante, de Podgornov (~ VIe/~ Ve s.), l'enceinte est marquée par 4 bornes de pierre et le sarcophage est constitué par une sorte de caisse en bois; le défunt était inhumé avec ses armes, poignards, masses, haches et pointes de flèches en bronze.
La période de Saragach (~ ive/~ m s.) voit se développer la coutume des grands kur-gans jalonnés par 8 à 10 hautes pierres dressées et contenant 2 ou 3 tombes carrées de 2,5 à 3 m de côté, avec une chambre funéraire en bois à l'intérieur de laquelle avaient lieu des inhumations collectives (jusqu'à une centaine de personnes) accompagnées d'une céramique sans ornement.
La dernière période, de Tess (~ ne/ ~ VIe siècle.), voit la prolifération d'immenses kurgans entourés d'épais murets de pierre surmontés de blocs levés de plus de 3 m de hauteur.
La tombe centrale était à deux étages, construite en rondins de bois et pouvait contenir plus de cent corps.
Les crânes étaient trépanés et recouverts d'une couche d'argile remplaçant la chair, badigeonnés de plâtre et peints en rouge.
Les corps étaient probablement momifiés avant d'être inhumés.
Des armes de fer remplacent alors celles de bronze, tout en gardant les mêmes formes.
Toutes ces tombes avaient été détruites par le feu.
Les gens de Tagar vivaient pendant l'hiver dans des huttes semi-enterrées aux murs de pierres dépassant d'environ 0,50 m la surface du sol, et l'été dans des cabanes de rondins analogues aux isbas sibériennes actuelles.
Certains kurgans de la culture de Tagar, réservés à des chefs, étaient de très grandes dimensions.
Celui de Salbyk avait 11 m de hauteur et était parementé en appareil cyclopéen haut de 2 m avec 20 pierres dressées pesant chacune de 30 à 40 tonnes, ce qui suppose une abondante main-d'œuvre pour leur transport et leur érection, ainsi qu'une organisation tribale élaborée.
Malheureusement, la plupart de ces kurgans ont été pillés dans les temps anciens, et l'on n'a retrouvé qu'assez peu d'objets.
Ceux-ci offrent cependant une décoration typique de l'art de la steppe, plaques de bronze ajourées décrivant des combats d'animaux (chevaux, taureaux, oiseaux, dragons, tigres, etc.) illustrant sans doute des mythes, manches de couteaux ou de poignards ornés d'un animal stylisé (sanglier ou bouquetin) révélant des affinités avec l'art de l'Ordos et de l'Altaï.
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