Olmêques
Ce mot, qui en nahuatl signifie "les gens du pays du caoutchouc", désignait pour les Aztèques les habitants de la côte du golfe du Mexique.
C'est par une interpolation quelque peu audacieuse qu'on a rapporté ce nom à la population qui, dans cette même région, semble s'être trouvée, près de trois millénaires auparavant, à l'origine de toutes les hautes cultures mexicaines précolombiennes.
La découverte de ces "Olmèques archéologiques" qui n'ont sans doute que bien peu à voir avec les Olmèques historiques voisins des Aztèques, remonte en fait à 1862, lorsqu'un voyageur, Melgar y Serrano, trouva une de ces grandes têtes sculptées monolithiques à Hueyapan.
Depuis lors, les découvertes de sculptures de ce type ou de type différent, mais caractérisées par des visages au nez épaté, aux lèvres épaisses et, souvent, au crâne lisse et au front haut, se sont multipliées.
C'est seulement en 1932, toutefois que George Vaillant établit l'existence d'un "complexe olmèque", et ce n'est qu'en 1938 qu'on entreprit la fouille d'un site olmèque, en l'occurence Très Zapotes.
Mais il fallut attendre ces trente dernières années, pour commencer réellement à mieux connaître ce peuple mystérieux, qui est apparu comme l'instituteur des populations méso-américaines ; car toutes les civilisations évoluées et urbanisées de l'Amérique centrale, sauf peut-être celle des Mayas, procéderont de celle des Olmèques.
En dehors de Très Zapotes et de La Venta, qui fut sans doute l'un des plus importants centres olmèques, San Lorenzo, lui, compte parmi les plus anciens.
Situé à une centaine de kilomètres au sud-est de La Venta, sur le rio Chiquito, il fut fouillé en 1945-1946 et 1964-1966.
Le site consiste en un plateau artificiel de 1 200 m, haut de 50 m.
On y a dénombré plusieurs centaines de tumuli, dont un certain nombre sont des plates-formes pyramidales, sept têtes colossales en pierre, et de nombreuses statues.
Les datations au C 14 donnent la date de ~ 1200 pour le début de l'occupation du site, et donc de la construction de la falaise artificielle sur laquelle il est construit.
Cette cité fut abandonnée au bout de trois siècles et les monuments furent détruits, mutilés, martelés, signe, peut-être, de la "fureur populaire" contre un peuple dominateur.
Le site fut réoccupé vers ~ 600 par d'autres Olmèques, qui y restèrent encore trois siècles avant de l'abandonner à nouveau.
San Lorenzo n'est que l'un des dizaines de sites qui ont été repérés dans l'État de Vera Cruz et qui témoignent de la vitalité de la civilisation olmèque, dont l'influence s'est fait sentir jusqu'aux environs du versant Pacifique du Mexique.
Les Olmèques nous apparaissent ainsi, en quelque sorte, comme les Sumériens de l'Amérique précolombienne.
Comme ces derniers,'ils vont disparaître, sans doute en se mêlant aux autres populations après avoir marqué de leur empreinte leurs cultures.
Cette influence va se manifester avant tout dans la base pyramidale servant de support au temple, et le centre cérémo-niel, qui apparaîtront comme des constantes de l'architecture méso-américaine; les Danzantes, qui représentent sans doute des sacrifices humains rituels, qu'on retrouve par exemple à Monte Alban ; le symbole du jaguar qui apparaît dans la sculpture sous les formes les plus diverses, y compris sous celle d'un masque, les personnages à face de bébé qu'on rencontre jusqu'à Lubaantum dans le Belize; peut-être la stèle avec les dates commémoratives si les stèles olmèques sont, comme on peut le supposer, plus anciennes que celles des Mayas.

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