Mayas
Parmi les peuples précolombiens de l'Amérique, les Mayas comptent à juste titre parmi les plus célèbres, mais sont peut-être aussi les plus féconds et les plus originaux.
Ils constituent un groupe linguistique important, encore vivant.
Ainsi, si l'on ne déchiffre qu'avec peine une partie des 800 glyphes constituant l'écriture maya, la langue qu'ils transcrivent ne nous est pas étrangère.
Les principaux groupes sont ceux des basses terres avec le Yucatèque, Chorti, Chol, et des hautes terres du Guatemala (Quiche, Mem).
L'aire de la culture maya s'étend sur la presqu'île du Yucatan, les États du Tabasco et des Chiapas au Mexique, la plus grande partie du Guatemala (sauf le versant Pacifique), le Belize (ancien Honduras britannique), et une partie du Honduras et du Salvador.
On ignore quand les ancêtres des Mayas se sont établis dans ces régions, et si le développement de leur civilisation est né d'une impulsion soudaine due précisément à des tribus venues du Mexique, véritables ancêtres des Mayas, et qui se sont greffées sur les populations autochtones, ou s'il s'est fait d'une manière continue dans un même milieu ethnique.
Cette dernière hypothèse semble toutefois la plus probable.
Jusqu'à une époque relativement récente, on faisait débuter la civilisation maya au début du Ier millénaire Les fouilles de Kaminaljuyu ont permis de remonter au milieu du ~ IIe mill, les premières constructions sur des plates-formes, et on a même pu suivre dans ce site l'évolution de la plate-forme (en adobe) jusqu'à la base pyramidale supportant un temple, que les Mayas construiront en pierre à l'époque classique.
Enfin, en 1977, Norman Hammond, dans les fouilles de Cuello, dans le Belize, a recueilli dans le niveau inférieur de l'une des plus anciennes plates-formes un fragment de bois qui a donné à l'analyse au C 14 la date de ~ 2600 (date modifiée, la date brute étant ~ 1980).
Cette datation, qui demeure contestable, n'en marque pas moins une spectaculaire remontée dans le temps et on peut admettre que le début de la civilisation maya remonte au moins à l'orée du ~ IIe millénaire
Cette période est appelée Formative ou Préclassique.
Elle est divisée en trois grandes phases, ancienne, moyenne et récente.
Le Préclassique ancien se termine vers ~ 1000, mais Hammond remonte cette fin à ~ 1250 ; les phases céramiques qui se situent sans doute
vers la fin de cette période sont celle, dans les hautes terres et à Kaminaljuyu, d'Arevalo, pour les basses terres celle de Chiapa I ; elles ont été mises en parallèle avec la phase d'Ocos de La Victoria sur la côte Pacifique.
Le Préclassique moyen voit le début de l'occupation du Petén (en attendant de nouvelles découvertes susceptibles de modifier cette vision) et la phase monumentale initiale des basses terres.
Cette période s'étend entre ~ 1000 et ~ 300.
Dans le Petén, région à cheval sur le Mexique et le Guatemala, vers la haute vallée de PUsumacinta, la poterie caractéristique est dite Mamon.
C'est une céramique lisse ou polie, d'aspect cireux, monochrome rouge, noire ou orange, à décor géométrique incisé.
Elle consiste en plats évasés, jarres globulaires à col étroit ou évasé, bols ; dès cette époque apparaissent les céramiques à forme humaine avec des têtes disproportionnées par rapport au corps.
Dans les hautes terres, les céramiques des phases de Las Charcas et de Majadas sont caractérisées à Kaminaljuyu.
Cette période correspond aux phases Chiapa II-IV dans le Chiapas : apparition des plates-formes, figurines modelées à la main, encensoirs à trois pointes ; on discerne des interrelations avec La Venta ; dans le Yucatan c'est la phase I-II de Dzibilchaltun, et vers le Pacifique ce sont les phases Conchas 1 dont Coe a souligné les ressemblances, dans la céramique, avec celle de la phase Chorera de l'Equateur (Ecuador), et Conchas 2.
Le Préclassique récent dure de ~ 300 à ~ 50 selon Spinden et Makemson, de ~ 210 à 210 selon Goodman, Martinez et Thompson, de ~ 300 à 300 selon Hammond.
Il correspond à Dzibilchaltun formatif III, Chiapa V, la phase Crucero dans la zone Pacifique, Chicanel dans les basses terres ; la poterie Chicanel est lissée et cireuse comme celle de Mamon, monochrome ou bichrome (rouge sur orange, beige, ou noir sur rouge) ; les formes sont très variées mais on ne trouve p\\» de figurines ; dans les hautes terres les phases Providencia et Miraflores ou Santa Clara sont caractérisées par un développement de la poterie bichrome dont les dessins peints sont soulignés par des incisions.
La grande époque monumentale du classique (appelée par certains auteurs : Fiorescent) est précédée par une période intermédiaire protoclassique datée entre ~ 50 et 65 (ou 210-325) avec les phases, selon les régions, Matzanel (basses terres), Chiapa VI, Aurora.
Les poteries de ces phases conseIVent de nombreux traits des périodes précédentes mais on assiste à l'apparition d'une nouvelle forme caractéristique de vases tétrapodes mammiformes ; caractéristiques sont aussi des vases polychromes à bec verseur ponté (bridged spout).
Les centres de cérémonie avec leurs structures classiques, construits en pierre (généralement en parement), se développent à partir de l'époque classique divisée en deux ou trois grandes phases.
Le Classique ancien (65-330 ou 325-625 ou 300-600) est caractérisé par la céramique Tzakol ; elle est monochrome (brun, noir, gris, orange, brun) ou polychrome (rouge et noir sur brun ou sur orange), représentée plus particulièrement par des bols à base cylindrique, vases à 4 pieds, jarres, bols à flancs évasés.
Les dessins peints ou incisés sont généralement constitués par des zébrures entourant la panse.
Le Classique récent (330-700 ou 625-800) est caractérisé par la poterie de la phase Pokom dans les hautes terres et Tepeu dans les basses terres.
Cette dernière se développe sur trois sous-phases ; dans un première phase, on trouve encore de nombreux traits de la poterie Tzakol ; pendant Tepeu 2, les vases lustrés sont dominants avec une poterie d'apparence vitrifiée ; les poteries polychromes tendent à disparaître pendant Tepeu 3, tandis qu'apparaît un nouveau vase orange ou gris à pâte fine.
Durant le IXe siècle, les sites mayas des basses terres sont abandonnés, bien que la région semble avoir été toujours habitée par une population au mode de vie traditionnel ; mais l'activité monumentale est complètement arrêtée.
Les nombreuses stèles retrouvées dans la plupart des grands sites nous ont livré de nombreuses dates qui encadrent l'activité monumentale et sont établies sur un comput dont le point de départ est ~ 3113, sans que nous sachions les raisons du choix de cete date.
Toujours est-il que la plus ancienne date nous est donnée à Tikal : 320, la seconde étant 328, lue sur une stèle d'Uaxactun ; ce dernVIe siècleite nous offre la date la plus récente, 889.
C'est entre ces deux dates historiques qu'on situe la période classique.
De nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer l'abandon des centres cultuels à la fin de cette période, appelée par ailleurs "ancien empire maya", quelque peu à tort dans la mesure où les Mayas n'ont jamais constitué un empire mais ont plutôt connu le régime des cités-États.
On retient généralement l'hypothèse d'un exode des prêtres constituant l'aristocratie gouvernante, à la suite de soulèvements populaires.
La civilisation maya se poursuit cependant au Yucatan sous une forme nouvelle, fortement influencée par les Toltèques, dont de nombreuses bandes se sont installées dans cette région.
Cette période dite post-classique débute vers 900.
Elle est marquée par la prépondérance du Chichen Itza puis du Maya-pan.
Lorsque arrivent les Espagnols dans le Yucatan, cette civilisation agonise, à la suite de longues guerres et d'épidémies.
C'est seulement en 1697, toutefois, que les Espagnols prendront la dernière capitale des Itzas, Tayasal.
Voir Altar de Sacrificios, Altun Ha, Bonampak, Copan, Cozumel, Jaina, Labna, La Quemada, Lubaantun, Mixco Viejo, Palenque, Piedras Negras, Quirigua, Seibal, Tikal, Tulum, Uxmal, Yaxchilan, Zayil.

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