Illyriens
Hérodote, au ~ Ve siècle, mentionne pour la première fois le nom des Illyriens.
Les Grecs désign&tent a\m\ \e& populations qui occupaient les côtes orientales de l'Adriatique, de l'Epire à 450/Illyriens la Vénétie.
Les côtes sud furent de bonne heure connues des Grecs qui y établirent des colonies : Apollonia, fondée au ~ VIe siècle.par les Corcyréens, Epidamne qui prit plus tard le nom de Dyrrachium, fondée aussi par des colons venus de Corcyre et de Corinthe en ~ 625 (c'est l'actuelle Durazzo), Antigonée ; des villes illyriennes comme Amantie, Irmaj, Lissus, ont été très vite hellénisées.
Cette partie du pays illyrien a été intégrée au ~ IIIe siècle.au royaume épirote de Pyrrhus.
A cette Epire s'opposaient les régions septentrionales qui englobent les côtes de l'actuelle Yougoslavie.
Elles étaient occupées par des tribus que les auteurs anciens présentent comme rudes et belliqueuses, mais aussi hospitalières : Vénètes au nord, Dalmates sur la côte qui porte toujours leur nom, Liburnes, Iapodes, qui seraient apparentés aux Iapyges du sud de l'Italie, Chaones en Epire, Dardanes.
La piraterie à laquelle se livraient Liburnes et Dalmates fut l'une des causes des guerres que les Romains menèrent en Illyrie en ~ 230, puis en ~ 219.
En ~ 168 ils vainquirent Gentius, qui semble avoir régné sur une partie des Illyriens depuis sa capitale Skodra (actuelle Scutari).
Ils déclarèrent libres toutes les villes et leur imposèrent un tribut.
Si l'Istrie fut soumise en ~ 177 et la Liburnie en ~ 129, ce n'est qu'aux alentours de notre ère, à la suite des campagnes d'Octave-Auguste en ~ 34 et de Tibère en 6-9, que la Dalmatie fut définitivement soumise.
A l'aide de la linguistique et surtout de l'archéologie, on a cherché à définir la culture illyrienne, à distinguer parmi les noms tribaux transmis par les auteurs anciens ce qui était réellement illyrien, à déterminer l'époque à laquelle ils se sont établis dans ces régions occidentales des Balkans.
Les Illyriens appartiennent au groupe indo-européen comme en témoignent les éléments, bien maigres il est vrai, que nous avons conservés de leur langue.
Bien que le fait ne soit pas scientifiquement établi et qu'il soit contesté par
certains linguistes, il semblerait que l'albanais moderne procède de l'ancien illyrien (ou plus exactement d'un ou de plusieurs dialectes illyriens, d'autant qu'il existe deux dialectes principaux, le guègue et le tosque) comme a tenté de le démontrer Gustav Meyer et comme le soutiennent les linguistes albanais modernes.
Ainsi l'appartenance illyrienne des Vénètes est-elle parfois mise en doute.
Les premières vagues indo-européennes parviennent dans les Balkans à la fin du ~ IIIe millénaire Il semble que c'est du contact de ces envahisseurs avec les populations autochtones néolithiques que vont naître les cultures du Bronze ancien de Baden, Kostolac, Vucedol.
Ces groupes demeurent périphériques par rapport aux centres classiques de la culture illyrienne qui se situent plus à l'ouest et surtout au sud-ouest, mais il faut tenir compte du fait que c'est de l'est que venaient les Indo-Européens.
C'est à eux qu'on attribue généralement les tombes à tumuli et à inhumation de l'Albanie et de l'Epire.
Ces tombes à cercles (ainsi appelées à cause des cercles de dalles en pierre qui délimitaient les aires tumulaires) se retrouvent en Macédoine et s'étagent sur une grande partie du ~ IIe millénaire Caractéristique est le grand tumulus de Pazhok, en Albanie centrale.
Il recouvre deux cercles funéraires de 11 et 21 m de diamètre.
La plus ancienne tombe est datée de ~ 1800/~ 1700 et la plus récente du ~ xive siècle.; cette dernière présentait en particulier une coupe du type de celle de Vaphio et une épée de bronze mycénienne.
Il semble que ce type de sépulture puisse être attribué à de nouvelles populations venues des régions pontiques (sud de la Russie), d'origine indo-européenne, par comparaison avec les faits constatés en Grèce et en Asie Mineure.
Il est cependant impossible de préciser si ce sont là des proto-Illyriens.
Les mouvements de populations, en particulier à travers les Balkans, qui marquent la fin de l'âge du Bronze et le passage à l'âge du Fer, provoquent comme dans tout le monde européen de cette époque une rupture dans le développement des anciennes cultures.
Il est possible que ce soit à la faveur de ces migrations que les ancêtres des Illyriens s'établissent dans les zones où on va les rencontrer cinq siècles plus tard, mais il est tout aussi possible que les nouvelles formes de culture matérielle qui apparaissent alors dans ces régions ne soient que le résultat d'adoption de nouvelles modes par la population locale.
Dans ce cas, il faudrait admettre que les Illyriens sont bien arrivés dans ces zones au début du ~ IIe millénaire, comme c'est le cas des Grecs dans une région voisine.
Les archéologues yougoslaves s'accordent d'ailleurs pour attribuer aux Illyriens la fibule du type de "Pes-chiera" (fibule caractéristique en violon et arc, trouvée tout d'abord dans le site de Peschiera au sud du lac de Garde, en Italie) qu'on rencontre avec diverses variantes répartie dans toute l'aire illyrienne balkanique.
Elle est datée de la période des Champs d'urnes (fin ~ XIIIe, début ~ XIIe s.).
Des archéologues comme Draga Garasanin font débuter à cette époque le Fer I (qui correspond au Bronze D de Reinecke) ; cette période, dite de transition, au début de laquelle se fixent les proto-Illyriens, dure jusqu'au ~ vme siècle.A la seconde partie de cette période appartient la fibule arquée à une boucle et à double renforcement sur l'arc, que l'on retrouve dans les nécropoles du groupe liburne (Nin, Sali, Vrsi) mais aussi en Macédoine, à Vergina.
Ces éléments archéologiques témoigneraient d'une poussée des Illyriens vers le sud et l'est, sans qu'il apparaisse d'ailleurs de discontinuité dans les données culturelles des régions illyriennes, en particulier en Yougoslavie, dans la culture de Glasi-nac.
Cette même continuité se retrouve en Albanie, marquée par le développement naturel, de la fin du Bronze au milieu de l'âge du Fer, d'une céramique peinte de motifs géométriques recueillie plus particulièrement à Maliq et Tren ; certaines formes et divers motifs se retrouvent plus tardivement dans les cités illyriennes de Gajtan et Rosuje.
Le Fer II qui correspond à l'Hallstat-tien ancien (~ vme/~ VIe s.) est l'époque classique de la culture illyrienne.
Selon toute vraisemblance, les tribus illyriennes que vont bientôt nous faire connaître les textes grecs sont alors en place.
C'est la période d'expansion de Glasinac, dont on attribue la culture aux Dessidates, tandis qu'en Albanie se développent les cités illyriennes, telle Dimale, lès villes anonymes sur des hauteurs comme Zgërdhesh de Kruje ou Qyteze de la Basse-Selce.
Le Fer III (fin ~ vie/fin ~ IVe s.) est l'époque de l'expansion grecque.
Les rives de l'Epire accueillent les établissements helléniques tandis que le commerce grec pénètre à l'intérieur des pays illyriens par les voies de terre.
C'est à lui qu'on doit des trésors comme ceux des tombes de Trebenishte, Novi Pazar ou Ate-nica.
L'Epire, qui paraît présenter un fonds de population illyrienne, en tout cas dans sa partie septentrionale qui correspond à l'actuelle Albanie, s'hellénise fortement.
Au Fer IV (fin ~ rvVfin ~ VIe siècle.) Phellénisation se fait encore plus pressante, comme en témoignent les tombes tardives de Trebenishte et surtout celles du grand tumulus de Tarinci, près de Strip, en Yougoslavie (vases grecs, candélabres, lampes en bronze, vases en verre, feuilles d'or d'un diadème, tous de fabrication hellénique).
Vers la côte dalmate, les Grecs ont fondé l'emporium de Budva.
Il semble que se soit alors constitué un véritable royaume illyrien (ou une confédération de tribus ?) dont l'histoire a conservé les noms de quelques chefs : Teuta, Pleurât et Gentius déjà mentionné.

La conquête romaine mit fin à cet Etat.

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