Hellénistique
Par convention on donne le nom d'époque hellénistique à la période qui suit la conquête de l'Asie par Alexandre le Grand et sa mort en ~ 323.
C'est une époque particulièrement agitée sur le plan politique, qui voit se constituer les grandes monarchies gréco-orientales des Lagides en Egypte et des Séleucides en Syrie, parallèlement au royaume de Pergame qui fleurit sous les Attalides, et au royaume de Macédoine qui tiendra la Grèce sous sa tutelle.
Politiquement, l'époque hellénistique devrait se clore avec la fin du dernier de ces royaumes, celui des Lagides annexé par Rome à la mort de Cléopâtre en ~ 30.
Mais l'art et la civilisation qui se sont épanouis au cours de ces trois siècles vont, en fait, se perpétuer dans le monde gréco-oriental et même en Sicile et en Italie du Sud, jusqu'à la fin de l'Antiquité.
L'art romain lui-même, qui s'impose en Occident, subit très fortement J'influence de l'art hellénistique qui, par ailleurs, continuera d'inspirer dans une certaine mesure l'art chrétien et d'un autre côté marquera les arts de la Perse et de l'Inde occidentale, en particulier celui du Gandhâra.
Politiquement, les cités de la Grèce et du monde grec perdent leur indépendance et tombent dans l'orbite des empires gréco-macédoniens absorbés à leur tour par Rome.
Cette perte des libertés politiques n'a pas été sans influencer l'art et la littérature de la Grèce ; la tragédie disparaît, la comédie n'est plus une satire politique mais elle se tourne vers l'étude des mœurs et la satire sociale.
L'art ne cherche plus à exalter les valeurs "municipales", il ne s'insère plus dans le cadre social de la cité ; il s'individualise, gagne en indépendance mais a tendance à se figer, à devenir académique, à chercher la facilité en imitant les oeuvres classiques.
Si la création des empires hellénistiques détruit les libertés politiques, en revanche elle favorise les relations Est-Ouest et participe à la formation d'un art syncrétiste.
L'art grec a sans doute subi dès ses débuts des influences orientales, et celles-ci se sont unies à l'esprit hellénique pour créer l'art de l'Asie Mineure à l'époque perse.
Mais ces interactions deviennent plus sensibles à l'époque hellénistique, autant dans les conceptions teintées d'universa-lisme, que dans les sujets eux-mêmes.
L'intégration de cultes orientaux, en particulier ceux de l'Egypte avec Sérapis et Isis, infléchit pour une part les créations de la sculpture hellénistique.
La diversité des "écoles" et des types de création, considérée sur plusieurs siècles, interdit toute définition concise de l'art hellénistique.
On peut cependant souligner quelques aspects particuliers.
Dans la grande sculpture, nombre d'artistes vont copier ou plutôt imiter en les interprétant, les grandes oeuvres classiques et surtout celles du ~ IVe siècle.illustrées par les noms de Scopas, Praxitèle, Lysippe.
L'Aphrodite nue, créée par Praxitèle, devient l'un des motifs les plus souvent repris ; mais le personnage est de plus en plus désacralisé et le propos du sculpteur est avant tout de charmer le spectateur par V expression d'une beauté dans laquelle il cherche à rendre la sensualité des formes.
L'époque hellénistique est aussi celle de nouvelles recherches.
On commence à s'intéresser à l'âme humaine et à la "psychologie" à la suite des travaux d'Aristote et des apports dans le théâtre d'un Euripide et d'un Ménandre.
Cet esprit nouveau suscite les écoles anatoliennes de Pergame, qui nous ont donné la gigantomachie de l'autel de Zeus avec ses personnages aux visages ravagés par la douleur ou l'effort, de Tralles qui nous a laissé une copie connue sous le nom de Taureau Farnèse, de Rhodes, célèbre par le Laocoon dont une copie (voire l'original) a été retrouvée à Rome au XVIe siècle.et qui est exposée maintenant au Vatican.
De cette époque datent aussi la Victoire de Samothrace et la Vénus de Milo.
C'est aussi l'époque où se développe un art raffiné de coroplastes dans l'esprit des statuettes de terre cuite de Tana-gra, imitées dans tout le monde grec et en particulier à Myrina, à Tarse, dans les villes grecques du Pont-Euxin.
La grande cité d'où partent les créations les plus réussies, les plus délicates, est cependant Alexandrie, qui a par ailleurs donné son nom à cet esprit qui se rapproche de notre XVme siècle.européen.
Dans une certaine mesure, alexandri-nisme est synonyme d'hellénistique, bien que ce dernier terme soit moins restrictif.
A Alexandrie on façonne les verreries les plus délicates, qui seront importées jusqu'en Afghanistan, on grave les pierres dures et les camées les plus exquis, on sertit les bijoux les plus délicats.
Toute une école alexandrine de peinture, illustrée en particulier par Antiphile, se développe, qui va influencer toute la peinture postérieure.
A la suite d'Aétion qui, au ~ IVe siècle, dans ses Noces d'Alexandre et de Roxane (qu'a tenté de nous restituer le Sodoma au XVIe s.), avait représenté pour la première fois des amours voletant, elle va s'emparer de ce thème dont la fortune ne se démentira pas jusqu'au XVme s. C'est aussi une époque de grande activité architecturale.
On construit de nombreux temples, à Téos, Didymes, Alabanda, mais la colonne dorique est progressivement abandonnée au profit de l'ordre ionique plus élégant et du corinthien plus chargé.
Dans l'urbanisme, le plan orthogonal triomphe.
Le goût du confort conduit à construire des portiques nombreux où l'on peut se réunir pour converser ou faire du commerce ; les rues importantes sont aussi bordées de colonnades constituant des portiques, à partir de l'époque romaine.
Les gymnases, monuments indépendants, se multiplient ainsi que les théâtres qu'on n'avait commencé à ériger en pierre qu'au ~ rv0 siècle.Ce goût du luxe se retrouve dans l'architecture domestique.
Les demeures deviennent plus vastes, centrées autour de grandes cours à portiques.
Les murs sont peints de scènes de la mythologie, de la vie quotidienne ou de perspectives architecturales dont les fresques de Pompéi peuvent nous donner une idée.
De plus en plus, les sols sont couverts de mosaïques ainsi que les cours sous lesquelles peuvent être aménagées des citernes.
Tous ces aspects de l'art et de l'architecture hellénistiques se retrouvent à travers le monde méditerranéen et le Proche-Orient.
Ils se perpétueront dans l'art romain, moyennant certaines modifications.

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