Cananéens
L'origine de la population de langue sémitique qui occupait le pays de Canaan, reste encore controversée, de même que la date de son installation et l'étendue de son territoire.
A l'époque biblique, le "cœur" de celui-ci s'étend sur la rive droite du Jourdain, entre le Néguev et le sud du Liban et de la Syrie.
C'est là que les Hébreux se taillent leur royaume, et même si la Bible mentionne à plusieurs reprises une destruction totale de la population et du bétail (le "herem") par les envahisseurs israélites, comme à Jericho ou à Aï, de nombreux Cananéens ont survécu, et sans doute été assimilés par les envahisseurs.
En fait, le domaine des Cananéens, en particulier au Bronze Moyen et au début du Bronze Récent, s'est étendu au moins jusqu'à Ugarit au nord de la Syrie, et avant l'arrivée des Araméens, ils occupaient une grande partie de la Syrie intérieure, sans doute jusqu'à l'Eu-phrate ; la langue des tablettes de Tell Mardikh qu'on appelle maintenant l'éblaïte, était en effet rattachée au groupe sémitique de l'Ouest auquel appartiennent Pugaritique, le phénicien et l'hébreu, qui n'est qu'un dialecte cananéen.
Par ailleurs, les Phéniciens étant des Cananéens, on peut inclure l'antique Phénicie dans leur domaine.
Le nom des Cananéens apparaît dans les textes dans la seconde moitié du ~ile millénaire.
On le trouve pour la première fois sous la forme de "pays de Kinani" dans l'inscription du roi d'Alalakh idrimi au début du ~XVe siècle.Au milieu du siècle suivant on le rencontre dans les lettres d'Amarna sous la forme Kinakhni ou Kinakhkhi (et Kinakhi à Ugarit) ; les textes égyptiens donnent la forme Kn'n\ qu'on trouve pour la première fois sous Amé-nophis II (~ 1450/~ 1425).
A partir de ces données, certains auteurs ont placé leur arrivée dans ces territoires du Proche-Orient au début du ~ IIe millénaire, au Bronze Moyen ; on les a parfois rattachés aux Hyksos, qui semblent en effet mêlés de Cananéens et portent en tout cas des noms de caractère cananéen.
Mais en fait, il semble que les populations cananéennes étaient en place dès le début du ~ IIIe millénaire, comme le laisse supposer le témoignage de Tell Mardikh.
En réalité, on ne possède aucune certitude relativement à une vague de migrateurs sémites ou parlant une langue sémitique, qui auraient fait irruption à un certain moment de la préhistoire syro-palestinienne.
Il semble que la mise en place des proto-Cananéens remonte haut dans la préhistoire et que la population que nous connaissons aux époques historiques se soit formée lentement à partir du fond préhistorique, sans invasion massive d'une population sémitique.
L'étymologie du terme est également discutée.
Le mot kinakhkhu, qu'on lit dans les textes de Nuzi, signifiant "teinture pourpre", on l'a rapproché du mot désignant les Phéniciens, et on a traduit Canaan par "pays de la pourpre", mais en réalité ce sens de pourpre ne se trouve que dans les textes de Nuzi ; en Canaan, on utilise un tout autre terme.
On a aussi supposé que c'était le pays "des marchands", du fait que la Bible fait de cananéen un nom ayant ce sens, mais cela ne correspond à aucune racine sémitique.
Enfin, on a aussi proposé le sens de : pays où "s'incline" (kn' signifie "se courber", "s'incliner") le soleil à l'occident, c'est-à-dire le pays du Couchant.

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